Samedi 3 février 2024: atelier d’information et de critique juridique

Vous avez subi des violences sexuelles

Vous avez déposé plainte, vous voulez en témoigner

Vous voulez déposer plainte, vous avez encore des questions

Vous vous interrogez sur un éventuel dépôt de plainte

–> ATELIER D’INFORMATION ET DE CRITIQUE JURIDIQUE

En non-mixité Femmes

3 février 2024 10-13h

Pôle Associatif Marbaudais (LigneB/C5- GrosChêne)

INSCRIPTIONS OBLIGATOIRES ICI

TRACT CI-DESSOUS:

Mercredi 17 janvier 2024: rassemblement contre les classements sans suite

STOP aux violences sexuelles et aux violences judiciaires

STOP aux classements sans suite

Après 10 années d’existence, une centaine d’accompagnements et 98% de classements sans suite, les militantes de l’association Prendre le droit sont usées d’écoper le patriarcat à la petite cuillère !
Et leur constat est clair : culture du viol partout, justice nulle part !

À Prendre le droit, nous ne pensons pas que la répression judiciaire soit la solution pour éradiquer les violences. Nous n’aimons pas la prison. Nous voulons la révolution féministe, la fin du patriarcat, la fin des violences ! Mais en attendant ce monde merveilleux, nous écoutons et soutenons les victimes que nous accompagnons et qui ressentent le besoin d’être entendues et reconnues par la justice, par l’État.

Elle fait quoi, cette justice ? Il fait quoi, cet État ?

Malgré la communication autour des violences faites aux femmes (qui sont une des grandes priorités du gouvernement actuel LOL) et l’injonction à déposer plainte faite aux victimes de violences sexuelles, les moyens accordés sont ridicules !
Le scénario classique est le suivant : les victimes sont prévenues de la forte probabilité du classement sans suite dès le dépôt de plainte, l’enquête menée est sommaire, mais pour autant elle dure des mois voire des années, pour se solder par un classement sans suite rarement notifié aux victimes !
Mais heureusement, l’État créé des hotlines, des 3919, des hashtags… #nerienlaisserpasser, ce hashtag qui incite les victimes à parler et à se saisir de la justice, nous fait particulièrement rigoler : ce que l’État ne laisse pas passer, ce sont les plaintes !!!

80% des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite par les procureur.e.s. Seulement 1% des viols aboutissent à une condamnation devant une cour d’assises !

Le message est clair:

Pour les agresseurs, c’est l’impunité !

Pour les victimes, c’est la double peine : violences sexuelles, puis violences judiciaires !

En attendant une Justice féministe,
prenons notre colère et notre énergie et soyons nombreux.ses à venir dire STOP aux violences judiciaires et aux classements sans suite, à l’endroit même

où les plaintes sont classées :

RASSEMBLEMENT DEVANT LA CITÉ JUDICIAIRE
MERCREDI 17 JANVIER 2024, 16H

TRACT CI-DESSOUS:

#Laplume, révoltée

Lettre à son frère – 16 décembre 2020

toi, lui, sale type, connard, enfoiré, pervers, par ou et par quoi commencer ?

Ce n’est pas simple car pour ma part, cela fait maintenant 3 ans que mon histoire fait l’objet d’un travail, d’une analyse, d’un décorticage entre vous et moi, toi et moi !
toi = lui
vous = le frère – le père – le petit ami (alcoolique)
moi = une femme qui a choisis de refuser le monde établi et ces normes sociales et culturels pour me libérer de l’oppression que je vis depuis mon enfance et encore quotidiennement dans notre société
Alors revenons a moi, pas toi, je ne ferais pas ton analyse, c’est a toi de faire ce travail difficile, profond, qui demande énormément de courage. Je ne veux rien t’expliquer ou te faire comprendre, encore une fois, ce n’est pas mon rôle.
Je veux que tu saches, je veux que tu sentes, je veux que tu es mal, comme moi j’ai mal.
Tu m’as violée, tu as jouis avec mon corps, par mon corps, cela depuis mon plus jeune age. Tu as abusé d’un rang de grand frère dans notre fratrie. Tu as abusé, utilisé un pouvoir de mâle dans une famille ou l’homme à une place de maître, dans un monde patriarche qui donne de la force et du pouvoir a la perversion. A l’utilisation des corps des autres, sans consentement, dans une violence innommable, ou difficilement nommable !
Tu as détruit une partie de mon âme, de mon corps, tu m’as tétanisé. La question reste en suspend, pourquoi ?

Comment t’es-tu accordé ce droit nous faire cela a ma sœur et moi ? Combien de fois ?
Mes souvenirs sont flous. Combien de fois as-tu jouis ? Peut importe, au final, tu as usé et abusé de ce rang dans la famille, l’aîné, le fils ! Quel pouvoir ! Bravo, tu en as profité pleinement. C’est à vomir !
Et oui donc, je suis malade, malade de cette réalité, qui est la mienne et celle de tant d’autre !
Malade que tu vives tranquillement, en toute impunité, ta petite vie de mâle dominant. Dans notre famille, entre les incestes et les violences sexuelles extérieur à la famille, nous sommes 5 femmes sur 6 à avoir subi des viols et attouchements par notre entourage plus ou moins proche.

Sans parler des cousins/cousines, qui ont aussi subi des relations sexuelles non consenti, et oui, encore une triste réalité de cette famille de merde ! Cette famille pourris de l’intérieur !
Est-ce que tu trouves cela normale ?
ma grande sœur – par toi, par le mec de notre mère
moi – par toi – par mon petit copain quand j’avais 32 ans
ma fille – a deux reprises par des potes de pote !
ma plus jeune sœur– par son grand-père – par son petit copain et thérapeute !!
ma petite nièce – par le petit ami et thérapeute de sa mère !!!!
Rien ne te choque, dis-moi ????? comment est-ce que tu te sens fils de merde, homme de merde, comment tu la sens ta bite la ? Maintenant ??? Comment te regarde tu dans le miroir frérot ????
hein ? Explique moi ?
Moi, je ne veux plus te voir, même si je suis bien consciente qu’un jour il le faudra. Il faudra que je te regarde au plus profond de toi et que je te dise a quel point je te hais, a quel point tu dois avoir honte, a quel point tu es coupable !
De quoi es-tu coupable ; de viol d’une petite fille, moi, de dissociation de mon cerveau avec mon
cœur, des conséquences terrible que cela a eu sur mon équilibre mentale dans l’enfance, de mon insécurité, de mon âme meurtrie, de la femme qui adulte réalise la profonde cicatrice qui existe, de la purulence de cette cicatrice aujourd’hui, du silence qui a pesé toutes ces années dans notre famille, des conséquences psychologiques présentes dans ma vie et celle de ma famille aujourd’hui !
Nous sommes tous et toutes blessé.es, traumatisé.es par cette histoire. Car Monsieur a décidé un jour qu’il avait le droit d’utiliser le corps de ces deux petites sœurs pour jouir !!!!!
Dis-moi, te rappelles-tu de l’âge que tu avais ?
Selon mes maigre souvenirs, moi je devais avoir 7 ou 8 ans les premières fois, peut-être 6, ce qui fait que tu en avais entre 13 et 15 ans a l’époque. Un jeune homme quoi, hein ? Qui a besoin de jouer avec sa bite, pas un petit garçon qui veut jouer avec son zizi !! tu saisis un peu la nuance là ???
Je te conseille de plonger la tête la première dans ce passe ignoble, de t’y noyer même !
Aujourd’hui je vais détruire ton tableau, toi l’artiste mon cul, tu sais celui qui représente deux femmes qui avec leurs corps, forme une bite centrale et puissante ! Quelle belle preuve ! Tu as super bien assumé dans ton art la perversité de ta personne ! Cela me fait rire, c’est un rire qui me donne la gerbe ! J’ai vraiment honte pour toi, de toi !

Retour sur le procès Merienne

Quand la Justice française laisse un homme violer des enfants pendant plusieurs décennies

Le 13 novembre 2018, nous, militantes de l’association Prendre le droit, avons reçu un courriel de B. Elle souhaitait alors « avoir des informations et un soutien pour un procès aux assises ». En passe d’être convoquée comme témoin de violences sexuelles commises sur sa sœur par un voisin lorsqu’elles étaient toutes les deux enfants, elle appréhendait de témoigner devant la Cour d’assises.

Nous l’avons reçue, et au cours de l’entretien, l’avons entraînée à répondre de manière factuelle aux questions. Nous lui avons par ailleurs appris qu’elle pouvait se constituer partie civile, car en temps que témoin des violences sexuelles sur sa soeur, elle avait également été victime. Nous étions les premières à le lui dire et cela lui avait fait beaucoup de bien de l’entendre. Elle avait en effet eu toute sa vie les symptômes d’un stress post-traumatique.

Le procès a eu lieu du 13 au 29 novembre 2019 à la Cour d’appel de Rennes. Plusieurs militantes de Prendre le droit y ont assisté. L’accusé, âgé de 59 ans était poursuivi pour 5 viols et 13 agressions sexuelles sur mineur.es de moins de 15 ans.

Le 29 novembre, l’accusé, qui a tout avouer en cours de procès, a été condamné par la Cour d’assises à 21 ans de prison.

14 victimes dont certaines encore mineures ont témoigné pendant les trois semaines d’audience, très éprouvantes. Au-delà de l’horreur inspirée par les témoignages poignants des victimes de M., le dossier pénal révèle les manquements de la justice, qui n’a pas fait le lien entre les plaintes déposées contre cet homme par plusieurs victimes pendant 25 ans.

1992. Camille B., amie de la fille de l’agresseur, dépose plainte à Rennes pour agressions sexuelles.Elle a 7-8 ans au moment des faits. La plainte est classée sans suite. Les archives ont été détruites.On ne sait donc pas ce qui s’est dit à l’époque hormis le classement sans suite.

1997. Sandra C., voisine de l’agresseur, dépose plainte auprès du commissariat de police de Rennes pour agressions sexuelles. Elle a 9 ans au moment des faits. Sandra C. ajoute que M. a essayé de faire de même avec sa sœur aînée âgée de 12 ans. La plainte est classée sans suite. Et aucun lien n’est fait avec la plainte précédente.

2000. Sandra N., voisine de l’agresseur, dénonce des faits d’exhibition sexuelle, de corruption de mineure (visionnage de film pornographiques) et d’agression sexuelle au commissariat de Saint-Malo. Les faits qu’elle révèle sont en réalité des viols. Qu’est devenue cette plainte? Mystère. Au cours du procès de M. un policier explique que le dossier a été perdu entre Saint-Malo et Rennes. Toujours aucun lien avec les plaintes précédentes.

2005. Juliette V., voisine également, 15 ans, dépose plainte pour viol, à Rennes. Les faits se sont produits peu avant qu’elle dépose plainte. M. est poursuivi au tribunal correctionnel pour agression sexuelle (et non devant la Cour d’assises) et sera condamné en 2007 à 30 mois de prison avec sursis. Et pourtant, aucun lien n’est fait avec les plaintes précédentes.

2013. Clémence et Louise M., filles d’un couple d’ami.es de l’agresseur, dénoncent des faits d’agressions sexuelles et de visionnage de films pornographiques au commissariat de Laval. Les enfants ont 10 et 12 ans au moment des faits. Leur plainte est encore classée sans suite!

2015. Antoine B. se présente avec sa mère au commissariat de police de Rennes pour des agressions sexuelles commises sur lui en 2013, 2014 et 2015. Il a 11 ans au moment des premières agressions. M. était un vieil ami de la famille et il a agressé l’enfant hors présence parental chez lui et au domicile d’Antoine. Enfin, et pour la première fois une enquête approfondie est lancée.

Les auditions de l’entourage révèlent que M. a agressé d’autres enfants, et notamment la sœur d’Antoine. (6 ans au moment des faits), et ses cousins (7 ans, 9 ans, 10 ans au moment des faits).

Par la suite, l’enquête révèle que les deux filles de l’agresseur ont subi des viols et agressions sexuelles pendant plusieurs années et qu’il a également agressé une nièce et une amie de sa fille.

Ce sont les policiers qui lancent l’enquête suite à la plainte d’Antoine B. en 2015 qui mettront un terme à l’impunité judiciaire dont a pu bénéficier M pendant 25 ans, et révéleront les manquements flagrants du système judiciaire français.

Lors du procès, la représentante de l’Etat s’est excusée pour la perte du dossier de Sandra N. entre Rennes et Saint Malo. Elle n’a pas dit un mot à propos des classements sans suite, ni sur le silence opposé aux victimes pendant des années, à qui on n’a même pas signalé le classement sans suite de leurs plaintes. Le fait que les victimes aient réussi à parler, sans qu’ensuite la justice ne fasse rien, les a même sur-exposées puisqu’elles ont été jetées à la vindicte d’une partie de leur entourage,traitées de menteur.se.s dans leur quartier, et notamment sous la pression de l’épouse de M. qui n’a eu de cesse de le protéger.

Entre la première plainte déposée en 1992 et l’appréhension de M. en 2015, plus de 14 enfants ont été agressés. Jusqu’à quand la justice sera t-elle un rouage de l’impunité des hommes qui agressent sexuellement les enfants et les femmes ?

 

* les prénoms et initiales des victimes ont été modifiées