Les statuts et notre Manifeste

Prendre le droit – Féministes pour un monde sans viols[s]* est une association indépendante qui a pour champ d’action et de réflexion la lutte contre les violences masculines exercées à l’encontre des lesbiennes, des femmes, et plus généralement contre toutes les expressions de la phallocratie.

Elle dénonce et combat en priorité les violences « sexuelles » en puisant dans les compétences, savoir-faire, analyses et outils conçus ou inspirés par le mouvement féministe.

Elle plaide pour la liberté sexuelle des individu.es, l’inaliénabilité et la non marchandisation sous quelle que forme que ce soit du corps humain et par conséquent, elle milite contre l’appropriation par autrui des femmes, des lesbiennes et de leur corps.

Elle lutte aussi pour la dépatriarcalisation individuelle et collective des mentalités.

Les moyens de ce combat sont notamment :

  • La mise à nu du caractère patriarcal du droit français et la critique du traitement judiciaire des violences masculines exercées à l’encontre des femmes et des lesbiennes.
  • L’intervention aux côtés des victimes, majeures et mineures, quel que soit leur sexe.
  • La sensibilisation, la formation, le transfert et l’échange de compétences et savoir-faire sur l’accueil et l’accompagnement des victimes de violences « sexuelles » avec les professionnel.les concerné.es.
  • La sensibilisation au respect du désir et de la volonté de sa/son partenaire et de soi-même.

Prendre le droit – Féministes pour un monde sans viols[s]* est une association loi 1901 régie par les statuts consultables ci-dessous:

statuts

 

LE MANIFESTE DE PRENDRE LE DROIT

Féministes contre le violarcat

Attendu que les hommes ont fondé et perpétuent leur pouvoir sur les femmes et les lesbiennes par les viol[s]* et la peur des viol[s]* ;

Qu’ils soient maris, pères, frères, oncles, grands pères, cousins, amis de la famille, beaux-pères, les hommes agressent d’abord sexuellement les enfants au sein de leur famille ;

Qu’ils soient chefs d’État, agriculteurs, journalistes, chômeurs, médecins, fonctionnaires, hommes politiques, artisans, directeur du FMI, ouvriers, avocats, militaires, curés, pompiers, artistes, magistrats, commerçants ou policiers ; quelque soit leur classe sociale, leur nationalité, leur âge, les hommes noues violent en toute impunité ;

Attendu qu’ils noues violent sans distinction.

Que noues soyons minces, poilues, allumeuses, jeunes, en pantalon, ceintures noires de karaté, discrètes, intellos, grosses, en jupe, rasées, vieilles, mères, handicapées, blanches, riches, noires, lesbiennes, voilées, mineures, mariées, pauvres, non-voilées, hétéros, prostituées, sans-papières…

Que noues soyons élues de la République, agricultrices, journalistes, chômeuses, médecins, fonctionnaires, femmes politiques, artisanes, ouvrières, avocates, militaires, religieuses, pompières, artistes, magistrates, commerçantes ou policières, noues sommes violées dans un silence assourdissant ;

Attendu qu’ils font le droit qui garantit leur impunité et notre silence, [RE]PRENONS-LE

Attendu qu’encore aujourd’hui, noues noues voyons régulièrement refuser l’enregistrement de nos plaintes pour viol[s]* par la police ; que noues sommes poussées au silence par nos proches et nos familles surtout en cas d’inceste ; que lors des enquêtes ou des instructions, noues sommes présumées menteuses tandis qu’ils sont présumés innocents ; que noues sommes classées « bonne » ou « mauvaise » victime ; que noues sommes piétinées par les avocats de la défense comme en témoigne le traitement infligé aux victimes mineures du procès d’Outreau ;

Attendu qu’il est nécessaire d’être solidaires avec toutes les victimes de violences sexuelles, de les soutenir, de les accompagner et de critiquer cette justice patriarcale d’un point de vue féministe, [E]PRENONS NOUES DU DROIT.

Attendu que la définition pénale actuelle du viol noues prive de justice ; qu’en disant qu’il s’agit de tout acte de pénétration sexuelle commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise, elle fait dépendre l’absence de consentement des femmes des moyens utilisés par les violeurs; qu’ils n’ont quasiment jamais besoin d’utiliser ces modes opératoires pour imposer une pénétration ; que le délit d’agression sexuelle exige la même démonstration ; qu’il n’est donc pas surprenant que l’écrasante majorité des victimes se taise ou voie sa plainte classée.

Qu’en limitant le viol a un acte de pénétration sexuelle le législateur ne noues a jamais demandé notre avis ;

Attendu que ces textes de loi protègent les agresseurs et qu’il n’appartient qu’à noues de les [SUR]PRENDRE, écrivons notre définition des viol[s]*

Attendu que les viol[s]* sont des crimes contre notre humanité de femmes; que la honte, la culpabilité, le traumatisme, la préservation de l’ordre social et la conscience de l’isolement qui noues attend, empêchent souvent les femmes et les lesbiennes de dénoncer les violeurs dans le temps qui leur est imparti. Que ces crimes doivent donc être imprescriptibles ;

Attendu que ces crimes sont la plupart du temps déqualifiés en délit à cause de ce qu’il convient d’appeler correctionnalisation ; Que ce déni légal du crime de viol souhaité par l’État pour des raisons financières, proposé allégrement par les magistrats et trop souvent encouragé par les avocat.e.s, est anticonstitutionnel et antiféministe ;

Qu’en outre la justice n’indemnise pas à leur juste valeur les préjudices qui découlent des viol[s]* ; qu’une femme obtient 20 000€ maximum de préjudice moral pour un viol quand DSK obtient 80 000€ pour l’atteinte portée à sa réputation ;

Attendu que dans ces conditions, les femmes et les lesbiennes ne peuvent que [ME]PRENDRE le droit et la justice, méprisons-le ensemble, noues serons plus fortes ;

Attendu que noues, lesbiennes, sommes victimes de préjugés quotidiens notamment celui assimilant le lesbianisme à la conséquence de viol[s]* ; que ces stigmatisations visent à noues maintenir soumises dans un état de ségrégation sociale ; que noues subissons également la lesbophobie des policier.es, des« expert.es » psy, des avocat.es ou des magistrat.es. En effet, soit ils utilisent notre lesbianisme au profit des agresseurs en invalidant notre parole au motif que noues n’aimerions pas les hommes ; soit ils visibilisent notre lesbianisme pour prouver nos traumatismes. Que dans ces conditions, noues ne faisons pas appel à la justice.

Attendu que noues, lesbiennes du monde entier, subissons des viol[s]*correctifs pour noues punir de déroger aux normes de l’hétérosexualité ; que le viol lesbophobe est une double peine misogyne et homophobe ; que le droit français en ne reconnaissant pas la classe sociale des femmes nie le caractère sexiste des viol[s]* ; qu’a fortiori en faisant de« l’orientation sexuelle » des victimes lesbiennes une circonstance aggravante, il nie entièrement les viol[s]* lesbophobes ; que ces viol[s]*devraient être des crimes à part entière ;

Attendu que noues, lesbiennes, refusons que nos choix personnels et politiques soient dévoyés par la justice, [ENTRE]PRENONS le droit de briser l’ordre hétéro-patriarcal.

Attendu qu’aucune femme ne devrait faire l’objet d’une transaction ;

Que noues ne désirons pas les hommes qui noues paient et qu’en achetant notre consentement, ils noues violent ;

Qu’en noues faisant croire que noues sommes libres alors que noues n’avons pas le choix, ils veulent conserver le privilège de violer légalement et impunément des femmes ;

Qu’ils doivent pourtant répondre collectivement des très graves traumatismes qu’ils provoquent à vie chez les femmes qu’ils louent, achètent et pénètrent ;

Attendu qu’il faut [DE]PRENDRE le droit de l’homme de noues [ha]biter, abolissons la prostitution.

Attendu qu’aucun chiffre sur les violences sexuelles n’est valable car ces violences sont sous-évaluées ; que noues sommes convaincues de par nos propres vécus, ceux de nos sœurs, amies, mères, grands-mères et de ceux de toutes celles que noues accompagnons, que les viol[s]* sont des attentats massivement perpétrés par les hommes dans l’indifférence générale ;

Attendu que les viol[s]* de femmes sont des armes de destruction massive ; qu’en noues ôtant notre place de sujet, les hommes entravent durablement notre intégrité, notre liberté, nos désirs et notre confiance en noues ; qu’ils compromettent ainsi notre possibilité de jouir de nos vies ;

Attendu que noues, femmes, lesbiennes, survivantes des violences et des viol[s]*des hommes, voulons lutter avec le courage et la force de notre détermination ;

Ensemble, noues voulons [AP]PRENDRE et [COM]PRENDRE le droit qui gouverne les crimes qui noues détruisent ;

Attendu que sans justice, noues n’aurons jamais la paix, PRENONS LE DROIT !

* Englobe ici toute forme d’atteinte physique et psychique à caractère sexuel même sans pénétration

Share Button