Elles ont pris…

#Laplume #La rue #Ledroit

Un espace de parole, de revendications, pour les personnes victimes de violences à caractère sexuel dont nous relayons les cris, les actions, le courage, la force, la détermination, la sororité et tant d’autres choses.

Lettre à un violeur « conjugal » – 1er avril 2025

Salut X,

tu m’as plusieurs fois contactée et je ne t’ai pas répondu. Je ne voulais pas avoir de contact avec toi mais je ne me sentais pas capable de te dire pourquoi.

Maintenant que j’ai beaucoup réfléchi et pesé les choses, le récit du passé est clair et je veux que tu l’entendes.

Voilà, nous avons été en couple 2 ou 3 ans, je ne sais plus, et tu m’as violée. La qualification pénale de ce que tu as fait est un viol conjugal par surprise. 3 fois, quelques mois avant la fin de notre relation, quand on habitait rue XX, tu as pénétrée mon vagin avec ton sexe alors que je dormais. Tu étais derrière moi. La première fois je t’ai repoussée et t’en ai parlé le lendemain. Tu as dit ne pas te souvenir. La seconde fois j’ai protesté verbalement, tu as dit que je te réveillais. La troisième fois je me suis énervée, et tu as minoré le problème. J’ai voulu en reparler posément, les lendemains, tu disais toujours ne pas voir le problème et disais que ce n’était pas vraiment arrivé, ou bien que ce n’était pas grave, que c’était signe de ton désir. Je ne sais pas si tu t’en souviens, à partir de ce moment-là j’ai toujours mis des habits, des shorts ou des pyjamas longs, pour dormir. D’ailleurs je ne dors depuis plus jamais nue.

J’y ai beaucoup réfléchi, et j’ai longtemps mollement adhéré à ta version : tu n’avais pas « fait exprès », tu n’étais pas en pleine conscience, demi-sommeil ou je ne sais quoi. Aujourd’hui, je me fiche de connaitre ton degré de conscience quand tu as fait ça : s’il s’agissait d’un problème de conscience ou de sommeil, alors les femmes pénètreraient aussi les hommes dans leur sommeil. Or ça n’arrive pas. Il faut donc se questionner sur la manière que tu as de considérer le corps des femmes avec qui tu es en couple (ou peut-être plus largement, des femmes en général). Peut-être les considères-tu à ta disposition. Si tu penses que tu peux agresser ou violer des femmes dans ton sommeil, même s’il s’agit de celle que tu penses être « ta » femme, alors il faut arrêter de dormir avec des femmes. C’est trop risqué. Tu as peut-être trouvé ça beau ou romantique ou puissant de me réveiller en me pénétrant. Mais moi je n’ai pas trouvé ça beau ou romantique ou puissant, j’ai trouvé ça douloureux, physiquement et moralement.

La moindre des choses à l’époque aurait été de m’écouter et de prendre le problème au sérieux.

Ton manque d’écoute et ces 3 viols s’inscrivent dans un climat où tu me touchais régulièrement sans prendre en compte mon non consentement ; tu te rappelles peut-être qu’à chaque fois que l’on montait les deux étages jusqu’à l’appartement, tu me disais de passer devant et tu glissais ta main entre mes cuisses, sur mon sexe. J’ai pu en rire au début, puis assez vite je t’ai demandé d’arrêter, et moins tu arrêtais, plus c’était humiliant, parce que mon énervement te faisait rire : pourquoi tu trouvais ça drôle de me voir énervée par des gestes non consentis sur mon sexe ? Je finissais par redouter ce moment de monter les escaliers, je montais en deuxième. Aussi, tu venais régulièrement te coller à moi, en touchant mes seins ou mes fesses, surtout quand j’étais occupée et que j’avais les mains prises. Pareil, je te demandais d’arrêter, ça te faisait rire.

Pourquoi ?

J’ai mis plusieurs mois à mettre des mots sur les raisons profondes pour lesquelles je t’avais quitté. J’ai revu ces heures passées à avoir mal pendant les rapports sexuels parce que tu allais trop vite parce que tu ne t’arrêtais pas parce que tu ne faisais pas attention à moi, guidé par ton seul désir.

Aujourd’hui je ne t’écris pas pour te demander quoi que ce soit. J’ai beaucoup hésité, ça fait plusieurs années que j’hésite. Le monde bouge, les femmes parlent, disent les viols, disent ce que ça leur fait, ce que ça leur enlève, ce que ça détruit, comment la peur que ça arrive ou que ça recommence conditionne leur vie, leur rapport aux hommes.
Comme tous les mecs cools et quarantenaires de gauche, tu as sûrement aujourd’hui le même discours théorique que je te connaissais il y a dix ans : tu es un allié des femmes, tu comprends ce qu’elles endurent dans cette société sexiste, les mecs violents et violeurs sont des connards. Ce sont les autres. Pas toi, pas toi une seconde.

Aujourd’hui je veux te dire que si, c’est toi, toi aussi, toi notamment. À l’intérieur de ce grand système de domination, à l’intérieur, pas à côté. Toutes les victimes qui dénoncent ont été violées ou agressées par des hommes. Ces hommes ne sont pas les autres. Pas des pervers. Des prédateurs. Des fous. C’est toi, c’est vous.

Tant qu’on ne se questionnera pas tous et toutes sur nos pratiques, on n’avancera pas. Tu dois te questionner sur tes pratiques, tu dois le faire pour ne pas continuer à être un de ces connards. Peu importe que tu violes, ou « juste » que tu touches, que tu susurres des mots, ou que tu mates. Sur tout l’éventail des pratiques dégueulasses, tu dois te questionner.

Les milliers de femmes qui parlent, qui bossent pour se réparer, qui bossent pour s’entraider, qui bossent pour s’organiser et ne plus subir vos violences, vos mots, vos coups, vos regards, ces montagnes d’énergie incommensurable dépensée pour cohabiter avec vous, vivre ou survivre, pour faire société, devraient être un exemple pour que tu, pour que vous ayez au moins un peu d’auto-réflexivité et de capacité à vous questionner.

Ce ne sont pas les autres, c’est notamment toi.

La plume #révoltée

Lettre à son frère – 16 décembre 2020

toi, lui, sale type, connard, enfoiré, pervers, par ou et par quoi commencer ?

Ce n’est pas simple car pour ma part, cela fait maintenant 3 ans que mon histoire fait l’objet d’un travail, d’une analyse, d’un décorticage entre vous et moi, toi et moi !
toi = lui
vous = le frère – le père – le petit ami (alcoolique)
moi = une femme qui a choisis de refuser le monde établi et ces normes sociales et culturels pour me libérer de l’oppression que je vis depuis mon enfance et encore quotidiennement dans notre société
Alors revenons a moi, pas toi, je ne ferais pas ton analyse, c’est a toi de faire ce travail difficile, profond, qui demande énormément de courage. Je ne veux rien t’expliquer ou te faire comprendre, encore une fois, ce n’est pas mon rôle.
Je veux que tu saches, je veux que tu sentes, je veux que tu es mal, comme moi j’ai mal.
Tu m’as violée, tu as jouis avec mon corps, par mon corps, cela depuis mon plus jeune age. Tu as abusé d’un rang de grand frère dans notre fratrie. Tu as abusé, utilisé un pouvoir de mâle dans une famille ou l’homme à une place de maître, dans un monde patriarche qui donne de la force et du pouvoir a la perversion. A l’utilisation des corps des autres, sans consentement, dans une violence innommable, ou difficilement nommable !
Tu as détruit une partie de mon âme, de mon corps, tu m’as tétanisé. La question reste en suspend, pourquoi ?

Comment t’es-tu accordé ce droit nous faire cela a ma sœur et moi ? Combien de fois ?
Mes souvenirs sont flous. Combien de fois as-tu jouis ? Peut importe, au final, tu as usé et abusé de ce rang dans la famille, l’aîné, le fils ! Quel pouvoir ! Bravo, tu en as profité pleinement. C’est à vomir !
Et oui donc, je suis malade, malade de cette réalité, qui est la mienne et celle de tant d’autre !
Malade que tu vives tranquillement, en toute impunité, ta petite vie de mâle dominant. Dans notre famille, entre les incestes et les violences sexuelles extérieur à la famille, nous sommes 5 femmes sur 6 à avoir subi des viols et attouchements par notre entourage plus ou moins proche.

Sans parler des cousins/cousines, qui ont aussi subi des relations sexuelles non consenti, et oui, encore une triste réalité de cette famille de merde ! Cette famille pourris de l’intérieur !
Est-ce que tu trouves cela normale ?
ma grande sœur – par toi, par le mec de notre mère
moi – par toi – par mon petit copain quand j’avais 32 ans
ma fille – a deux reprises par des potes de pote !
ma plus jeune sœur– par son grand-père – par son petit copain et thérapeute !!
ma petite nièce – par le petit ami et thérapeute de sa mère !!!!
Rien ne te choque, dis-moi ????? comment est-ce que tu te sens fils de merde, homme de merde, comment tu la sens ta bite la ? Maintenant ??? Comment te regarde tu dans le miroir frérot ????
hein ? Explique moi ?
Moi, je ne veux plus te voir, même si je suis bien consciente qu’un jour il le faudra. Il faudra que je te regarde au plus profond de toi et que je te dise a quel point je te hais, a quel point tu dois avoir honte, a quel point tu es coupable !
De quoi es-tu coupable ; de viol d’une petite fille, moi, de dissociation de mon cerveau avec mon
cœur, des conséquences terrible que cela a eu sur mon équilibre mentale dans l’enfance, de mon insécurité, de mon âme meurtrie, de la femme qui adulte réalise la profonde cicatrice qui existe, de la purulence de cette cicatrice aujourd’hui, du silence qui a pesé toutes ces années dans notre famille, des conséquences psychologiques présentes dans ma vie et celle de ma famille aujourd’hui !
Nous sommes tous et toutes blessé.es, traumatisé.es par cette histoire. Car Monsieur a décidé un jour qu’il avait le droit d’utiliser le corps de ces deux petites sœurs pour jouir !!!!!
Dis-moi, te rappelles-tu de l’âge que tu avais ?
Selon mes maigre souvenirs, moi je devais avoir 7 ou 8 ans les premières fois, peut-être 6, ce qui fait que tu en avais entre 13 et 15 ans a l’époque. Un jeune homme quoi, hein ? Qui a besoin de jouer avec sa bite, pas un petit garçon qui veut jouer avec son zizi !! tu saisis un peu la nuance là ???
Je te conseille de plonger la tête la première dans ce passe ignoble, de t’y noyer même !
Aujourd’hui je vais détruire ton tableau, toi l’artiste mon cul, tu sais celui qui représente deux femmes qui avec leurs corps, forme une bite centrale et puissante ! Quelle belle preuve ! Tu as super bien assumé dans ton art la perversité de ta personne ! Cela me fait rire, c’est un rire qui me donne la gerbe ! J’ai vraiment honte pour toi, de toi !

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